Francesco Dellamorte s'occupe d'un cimetière. À tous les niveaux, puisqu'en plus de s'occuper des enterrements, il s'occupe également d'éliminer les corps zombifiés qui reviennent dans les sept jours suivants leur mort. Francesco est cependant bien seul et tombe follement amoureux d'une veuve lors d'un enterrement. Lors de leur ébat, la magnifique veuve est mordue et Francesco doit l'éliminer. Non-seulement cette dernière revient à la vie une deuxième fois, mais Francesco voit la même femme, pourtant dans deux personnes différentes en deux jours.
Alors que la folie zombie des années 80 s'estompait ou du moins, dormait quelques années avant de reprendre de plus belle, Michele Saovi en profite pour signer peut-être le film parmi les plus uniques jamais fait. Comédie, film d'horreur, film existensialiste tout en un, c'est un film qui dépasse les limites de son genre pour entrer dans une catégorie à part. Dès la première scène où devant un zombie, le personnage principal de glace le flingue directement à la tête, on comprend que ce n'est pas une histoire usuel et on le découvrira bien à mesure que le métrage se déroule. Saovi en profite pour mettre de côté la conformité narrative pour faire de son concept, une prison d'existence pour tout son univers, qui bien plus effrayant que la mort, semble montrer que tout n'est qu'une roue qui n'en finira jamais de tourner.
Certains diront que CEMETERY MAN manque de focus, ne termine jamais aucune histoire et que le actions du personnage principal, surtout dans la dernière demie-heure, ne font aucun sens. C'est un point auquel j'adhère complètement, mais ce manque de focus m'apparaît comme essentiel pour transporter le message du film. Que la vie est d'une grande absurdité et cette histoire n'est qu'une façon de la présenter à différents niveaux à travers un film de genre et des zombies pour appuyer le propos. À un moment dans le film, Francesco comprend que la vie n'a aucun sens et ne va nulle part, il décide donc de ne plus respecter aucune règle, éliminant qui il veut quand il le veut. Malgré le fait qu'il tue par exemple une nonne et un médecin dans un hôpital et que tout le monde est en panique, l'inspecteur refuse de croire en sa culpabilité et décide de le laisser aller, croyant que le coupable est quelqu'un d'autre même s'il a une arme à la main. Francesco comprend que plus rien n'a de sens et que son univers ne va nulle part, dans la vie ou en amour.
La beauté du film n'est pas que dans le propos, mais dans la qualité générale de la production. Les mouvements de caméra sont magestueux, les effets gore généreux et le décor est un parfait exemple de crédibilité pour le genre, mais aussi de l'absurdité générale du métrage. Si l'humour ne va pas plaire à tout le monde, elle ajoute à ajouter encore plus de folie à un film qui n'en manque pas une seconde. Sans jamais tomber dans le grotesque, les zombies sont des outils comiques autant qu'horrifique, changeant une scène de genre en quelques secondes. Difficile d'oublier ce zombie qui explose du sol avec sa motocross ni cette adolescente dont la tête est gardée dans une télévision.
Sombre et léger à la fois, CEMETERY MAN est un film qui demeure unique à ce jour. Refusant les conventions du genre pour s'avérer une intrigante étude du mal être humain, il demeure un film tout aussi fascinant plus de 30 ans plus tard.
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